Un jour, un collègue est venu me voir après une formation que j’avais donnée. Il me raconte qu’en fait il était dans le train du retour et qu’il était un peu en retard par rapport à ce qu’il avait dit. Et effectivement, sa femme l’a appelé. Elle lui demande où il est et pourquoi il est en retard. Il commence à se justifier un petit peu et il voit que la situation s’envenime. Et à ce moment là, il me raconte qu’il se souvient de la formation et qu’il essaye quelque chose.
Il lui dit dit : « J’ai l’impression que là t’es un peu énervée ». Puis à ce moment, il entend un blanc au téléphone et puis « bon bah ok, à tout à l’heure du coup ». Il me raconte alors qu’il est un peu surpris. Donc il rentre chez lui, et puis au bout de quelques heures, sa femme revient vers lui et lui dit un « tout à l’heure, je ne sais pas ce que tu as dit au téléphone, mais ça m’a complètement désamorcée. Je ne savais plus du tout quoi dire. Et puis effectivement, t’y pouvais rien, t’étais dans le train, enfin voilà, t’étais en train de rentrer ». Et là ce collègue, qui étais un peu sceptique face au fait de nommer les émotions me dit : « C’est quand même pas mal ton truc ! » Il avait pris conscience que le fait d’identifier les émotions chez l’autre avait tendance à créer un lien d’écoute encore plus fort.
La question c’est : « comment bien réagir face aux émotions des autres ». Car il y a des fois, on ne sait vraiment pas quoi faire face à ces-dernières et on peut même blesser les autres. Aujourd’hui on va donc comprendre comment mieux communiquer avec les autres.
Comment bien réagir face aux émotions des autres ?
Alors il n’y a pas de secrets, on va simplement utiliser le modèle simplifié des émotions. D’abord, on va essayer d’interpréter l’émotion chez l’autre en la nommant, tout en adaptant son niveau de langage : « Tiens, j’ai l’impression que ça te fait flippé », « t’as l’air saoulé ». Il ne faut surtout pas avoir l’effet psy, c’est-à-dire « tiens, j’ai l’impression que là tu as une émotion de tristesse », parce que ça n’aide pas du tout à mettre en confiance la personne en face. Deuxième étape, on va simplement questionner le besoin. Rentrons dans le détail.
Que dire face aux 4 émotions ?
Pour la joie, je peux faire quelque chose du genre « ça a l’air vraiment de t’avoir fait kiffé » ou « tiens ou dirait que ça t’a plu ». On va en fait s’intéresser à ce que la personne dit. Et derrière, on va poser des questions à la personne pour la faire partager. Le but, c’est de mettre dans une position d’écoute pour faire passer le message suivant : « vas-y je t’écoute, raconte, ça m’intéresse ».
Pour la peur, on va poser des questions du type « j’ai l’impression que ça te fait flipper », « t’as pas l’air serein ». Et derrière, la question qui tue, c’est : « qu’est-ce qui te rassurerait ». Cette question permet de faire exprimer à l’autre son besoin de sécurité, son besoin de protection.
Pour la colère, on va être plutôt sur des trucs du genre « t’as l’air énervé » ou alors « je crois que je t’ai saoulé là ». Une fois que l’émotion est nommée, on va pouvoir reformuler pour essayer de montrer que l’on est dans une écoute de l’autre. L’enjeu c’est un besoin de reconnaissance, d’écoute pleine et entière de l’autre et de ses revendications. On peut même essayer d’identifier les limites à fixer par la reformulation. Par exemple :
- Woah, t’as l’air un peu saoulé quand même.
- En vrai, ouais, carrément.
- Du coup c’est parce que l’autre est venu t’interrompre, c’est ça ?
- Mais ouais, franchement j’en ai vraiment marre d’être tout le temps interrompu, je ne peux pas avancer.
- Donc t’en a marre d’être interrompu, mais du coup il y a pas un moyen pour que ça se produise moins ?
- J’avoue, peut-être que… Ouais, peut-être qu’il faudrait que je le dise… Peut-être qu’il faudrait que je dise : Non je suis pas dispo !
Enfin pour la tristesse, des questions du type « t’as pas l’air d’avoir trop le moral » ou « p’tain, ça a l’air chaud pour toi » vont permettre de nommer la tristesse. La question qui tue cette fois-ci ça va être : « comment imagines-tu rebondir ». Cette question a l’avantage de remettre la personne face à elle-même et s’imaginer une action pour elle pour qu’elle puisse avancer. Si elle est complètement démunie, ça veut dire que le deuil n’est pas encore fait. Si par contre, elle sait pas trop, même elle a des idées, alors ça veut dire que là, on est sur la bonne voie.
Attention à nouveau entre tristesse et peur. La peur c’est un besoin d’être rassuré et ça peut venir de l’extérieur. La tristesse, c’est un besoin d’action significative et ça vient de nous. Faites donc attention à bien identifier des émotions en les nommant d’abord chez l’autre.
Le challenge que je vous propose
Vous l’avez compris, le but ça va être de nommer une émotion chez l’autre, dès que vous en avez identifiée une. Donc je sais que ça va paraitre bizarre de dire « tiens t’as l’air saoulé, t’as l’air triste, machin… », mais essayez, essayez à un moment donnée de le faire et voyez ce qu’il se passe. Je vous jure, il se passe parfois des trucs de dingue et c’est beau en fait, ce qui arrive derrière.
Pour aller plus loin sur les émotions, le cours est dispo ici !